Icône d’Ephèse

1 - L’icône expliquée

2003.
 

Je vous propose quelques explications qui pourront vous permettre de mieux entrer dans la contemplation de cette image et guider votre méditation.

Nous voyons Marie et Jean, tous deux debout, se regardant l’un l’autre. Leurs visages ne sont guère souriant, ce n’est pas la tradition des icônes. Cependant la lumière habite ces deux visages. Tout comme dans la méditation du rosaire, il a bien fallu exprimer sur une seule image, à la fois les mystères joyeux, glorieux et douloureux. Le résultat est une sorte de sérénité lumineuse, empreinte de gravité et de profondeur. Le Pape qui vient d ?introduire les mystères lumineux dans la méditation du rosaire confirme cet aspect.

J ?ai voulu y exprimer en fait le mystère de l ?Eglise. Tout ce qu ?on dit de la vierge Marie peut être dit de l ?Eglise. Même si les réalités concrètes ne permettent pas d ?établir une réciprocité. En effet, tout ce qui est dit de l ?Eglise ne peut l ?être de la vierge Marie, car tant qu ?elle s ?inscrit dans notre histoire, l ?Eglise reste pour une part empêtrée de la lourdeur de ses membres. C ?est l ?image de l ?Eglise dans sa vérité qui est ici représentée. Il est probable qu ?elle aussi soit traversée des mystères douloureux, joyeux, glorieux et lumineux.

Le Seigneur, sur la croix confia Marie à Jean, le disciple bien aimé. L ?évangile nous dit que dès lors il la prit chez lui. Or saint Jean demeura à Ephèse sur une colline d ?où l ?on peut voir à la fois la mer et toutes ses promesses et la ville d ?Ephèse. Marie demeura avec lui, pour un temps au moins. Leur communauté dit quelque chose du mystère de l ?Eglise. Marie est l ?image de l ?Eglise en tant que l ?Eglise comme elle, se reçoit du Saint Esprit, comme elle, elle engendre des fils de Dieu à partir des fils d ?hommes que nous sommes, comme elle, elle est présente aux soucis des hommes privés du vin de la vigne promise, comme Marie, l ?Eglise ne cesse de redire : « Faites tout ce qu ?Il vous dira ». Jean aussi, parce que disciple bien aimé est image de l ?Eglise, de notre Eglise, puisque le Christ dit de Jean : « Il doit demeurer jusqu ?à ce que je vienne ». Deux images de l ?Eglise en quelque sorte : L ?Eglise telle que son Seigneur la veut, et l ?Eglise dans sa pérégrination.

Cependant ces deux réalités s ?éclairent mutuellement, leurs mystères se croisent et s ?habitent l ?un l ?autre comme les regards sur cette icône. Ce que disent ces regards, tout leur être le confirme. C ?est ainsi que les couleurs des vêtements passent de l ?un à l ?autre. Marie est habillée de bleu, comme revêtue de l ?Esprit saint. Mais sa lumière passe en Jean, il en est tout éclairé, habité. Lui qui, comme l ?Eglise avec lui, se doit de prendre chez lui Marie, partage avec elle d ?elle cette formidable vocation de rendre Dieu présent au monde, par la force de l ?Esprit.

Les mains, signe de l ?activité humaine sont couvertes de ces drapés. Pour elles aussi, semble-t-il, on peut dire que l ?Esprit les prend sous son ombre. Seule, la main droite de Jean est visible, ouverte, offerte. Elle ne désigne pas Marie, elle est ouverte vers le monde pour l ?inviter à s ?incorporer à ce mystère. Ou bien, on peut la voir ouverte, comme une louange vers le Très Haut, dans le geste traditionnel de la prière. A moins qu ?elle s ?ouvre pour recevoir ce dont Dieu veut encore nous combler. Peut-être tout cela à la fois. Alors que Marie, penchée avec sollicitude vers l ?apôtre, se tient toute droite, comme un signal pour les nations, comme en attente aux portes du ciel, Jean lui se teint dans un mouvement vers le monde, mais contemple déjà les vérités qu ?il doit annoncer.

Voilà quelques éléments pour nous aider à entrer dans la contemplation. Puisse notre prière pour l ?Eglise, porter quelques fruits.