Avec ce récit, tout au début de l’évangile de Marc, nous avons le premier récit de guérison et ce que nous allons comprendre ici sera vrai pour tous les autres miracles
Dans ce bref extrait, le mot enseigner revient quatre fois, ça veut dire quelque chose. Et pourtant nous ne connaissons pas le contenu du discours qu’a fait Jésus ce jour là. C’est parce que Marc veut nous faire comprendre que les guérisons sont des enseignements. Et ça, c’est tout à fait important à bien garder en mémoire. D’ailleurs les témoins de la synagogue de Capharnaüm ne s’y sont pas trompés qui disent, ayant vu le miracle : "Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité. Il commande même aux esprits mauvais !" Jésus ne guérit pas parce qu’il a pitié. Bien sûr qu’il est ému devant la souffrance des hommes, mais dans l’évangile, quand on dit qu’il est pris de pitié, c’est devant les foules sans bergers. Jésus vient soulager une misère qui lui paraît pire que les maladies ou handicaps, il vient guérir du mal qui consiste à se tromper sur Dieu, à s’être éloigné de Dieu. Et les guérisons, les délivrances qu’il opère sont des enseignements. Et ces enseignements restaurent l’homme dans un juste rapport à Dieu.
Alors quel est l’enseignement de cette délivrance dont nous avons entendu le récit ?
Jésus conteste un mensonge sur Dieu.
En effet, voici un homme tourmenté par un esprit mauvais, c’est-à-dire un homme qui souffre du mal. Et ce mal lui fait crier : "Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu." Là dessus on ne peut pas le contester, en effet il sait fort bien qui est Jésus, il le sait même mieux que les apôtres qui pour l’instant n’en savent pas tant ! Et ce n’est pas ça que Jésus va contester. Mais c’est la première phrase : "Que nous veux-tu, es-tu venu pour nous perdre ?"
A vrai dire le texte grec est plus précis, voici ce qu’il dit : "qu’y a-t-il entre toi et nous ?" ou plus exactement : « Quoi à nous et à toi » ! C’est-à-dire : "nous n’avons rien de commun, vas-t-en, tu es un étranger, nous n’avons rien à voir avec toi." C’est ça que Jésus conteste : "Silence ! Sors de cet homme." C’est la seule parole de Jésus que Marc nous rapporte, c’est là un peu court ! Et pourtant il y a deux choses.
Premièrement, Jésus conteste : "Bien sûr que si qu’il y un rapport entre vous et le Saint de Dieu que tu sais si bien reconnaître."
Deuxièmement : "Sors de cet homme, esprit de mensonge car chez lui, c’est toi qui es étranger et non pas Dieu."
Cet enseignement est absolument majeur et c’est ça la guérison que Jésus vient nous apporter. Il y a quelque chose en commun entre Dieu et nous, nous sommes à son image, Il y a en nous un dépôt d’absolu, Dieu nous a confié quelque chose de lui-même dont nous avons la nostalgie. Nous sommes faits pour lui.
Et c’est le mal qui chez nous est un intrus. Chez nous, il n’est pas chez lui. Le mal ne nous est pas naturel, Dieu ne nous a pas faits pour le mal, mais pour lui. C’est Dieu qui chez nous est chez lui, nous sommes le temple de sa présence. Même si le péché a dégradé en nous son image, ce n’est jamais sans espoir car Jésus a vaincu le mal, il est venu restaurer en nous ce compagnonnage avec Dieu. Voilà l’enseignement que porte ce geste extraordinaire.
Les témoins disent "voici un enseignement nouveau". Voici en effet un enseignement renouvelant. En nous, le mal n’est pas chez lui, le mal n’est pas notre définition, notre nature, notre vérité, mais Dieu seul.
A Dieu seul, nous pouvons dire : "fais comme chez toi", laissons-le faire, et nous serons guéris, et nous serons un jour chez Lui.
Sors de cet homme. Mc 1,21-28