Marc, d’ordinaire si sobre dans son écriture, nous donne dans le texte que nous avons entendu, deux séries de détails pleins de sens.
"Le sabbat terminé, de grand matin, le premier jour de la semaine, au lever du soleil, elles se rendent au tombeau." Contraste saisissant de trois femmes, courbées par le deuil, affairées par la mort et son rituel, alors que Marc par trois fois nous dit que le jour est là ! Comment mieux dire que malgré les épreuves de la mort, de l’abandon, de l’échec, la lumière a déjà triomphé, un renouveau est déjà là ? Elles, elles se rendent au tombeau, ignorant encore qu’elles vont vers la lumière. Peut-être en est-il de même dans nos vies. L’aurore est déjà levée mais nous ne le savons pas. Le Christ a déjà vaincu la mort par laquelle nous sommes encore occupés, embarrassés. La mort est déjà vaincue, mais nous sommes encore empêtrés dans l’obscurité ou pire, dans l’absurde, nous inquiétant de trouver en ce monde plus d’ombre que de lumière, ne voyant pas le jour poindre.
Une autre série de trois détails dans le récit de Marc. "En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme, vêtu de blanc." Un ange probablement puisqu’elles sont saisies de crainte. Mais Marc préfère dire : un jeune homme, vêtu de blanc. Signe de renouveau : "le monde ancien s’en est allé, un nouveau monde est déjà né". Il est vêtu de blanc, probablement est-ce une allusion au vêtement de joie, de lumière, vêtement baptismal, vêtement de la transfiguration, de celui qui est tout entier habité par la présence de Dieu.
Marc précise aussi, que ce jeune homme est assis à la droite. Détail, mais détail intéressant. Etre assis à la droite, c’est une place d’honneur, à côté du premier personnage, du maître de maison. Il est assis à la droite, fort bien, mais à la droite de quoi, de qui ? Où est le maître qui confère l’honneur d’être à sa droite ? Il faut bien le dire, il est assis à la droite de rien.
Pas tout à fait. Il est assis à la droite de l’endroit où reposait le mort. Mais la mort n’y est pas. Ce vide laissé veut dire en fait deux choses.
En premier lieu, ça veut dire que la mort est vaincue. L’ange n’est pas assis à la droite de rien, il est assis à la droite de ce qui est signe de la vie, la mort est absente, abolie, vaincue. C’est une place d’honneur que d’annoncer ça ! C’est la place que nous devons prendre.
En second lieu, ce vide laissé signifie une aautre façon pour le Christ d’être présent en ce monde. L’ange le dit : « Vous cherchez Jésus ici, parmi les morts, dans les souvenirs ou les regrets éternels, il n’est pas là ! Il vous précède en Galilée ». La Galilée, c’est la terre des nations, nous dit l’évangile, la terre où tous les peuples se mêlent, juifs et païens, c’est là que la Christ nous précède, en nos frères, dans ce monde. Le Christ est déjà présent, semé au cœur de tout être, il faut que cette présence croisse, que la résurrection envahisse tout être et le grandisse.
L’annonce de Pâques, la voici : la mort n’est pas le dernier mot de toutes choses, la vie n’est pas absurde, la lumière du ressuscité y habite. Oh ! Bien sûr, il n’y a rien de tonitruant dans la résurrection, rien d’évident, rien de spectaculaire, mais tout a changé. Voilà la bonne nouvelle de ce jour de Pâques. L’aurore est déjà là, c’est le premier jour d’un temps nouveau, non plus clos sur l’absurdité ou le non-sens, mais ouvert sur l’Eternel qui déjà diffuse sa clarté en nos vies.
Aujourd’hui, nous célébrons un commencement, une nouvelle présence du Christ. Il est la vie au cœur de nos vies. Puisse Dieu nous donner de le reconnaître pour partager sa victoire sur la mort.