Après la fête de Noël, la liturgie prévoit de prolonger la célébration de la nativité par une octave. Une octave, ça veut dire huit jours, donc forcément il y a un dimanche, c’est le dimanche de la sainte famille que nous célébrons aujourd’hui. En fait ces jours nous invitent à méditer sur la proximité de Dieu. En venant au monde Dieu se font proche des hommes, il se fait prochain, compagnon de l’homme, pour que l’homme s’approche de Dieu.
Les trois premiers jours particulièrement marqués, le prêtre revêt l’ornement rouge, pour célébrer St Étienne, puis St Jean, et les saints innocents. Après avoir célébré Dieu qui se fait proche, nous célébrons des hommes qui ont vécu une particulière proximité avec Dieu.
St Étienne est fêté le lendemain de Noël. Pas cette année, puisque dimanche vient juste le lendemain de Noël. St Étienne est le premier martyr, le premier qui soit mort à cause de sa foi. Il offre son témoignage jusqu’au don total de sa vie, tout comme Jésus s’est donné totalement au monde, pour que le monde accède à Dieu. Comme Jésus pardonne à ceux qui le tuent, de même St Étienne pardonne à ceux qui le lapident. Il y a une sorte de configuration au Christ. Dans l’Église, les martyrs ont toujours été considérés et vénérés comme ceux qui sont au plus proche du Christ. A Noël nous contemplons Dieu qui se fait semblable aux hommes, le lendemain, nous voyons comment un homme se fait semblable au Christ.
Le lendemain, nous célébrons St Jean, l’Apôtre bien aimé. Le plus jeune, le plus mystique. Lui aussi était tout proche de Jésus, non pas par imitation, non pas par le martyr, mais par l’affection, par son attachement et sa fidélité, sa sensibilité. Il était contre son maître lors de la scène, il était avec lui au calvaire. Sa méditation sur le Christ, l’Evangile selon St Jean, est un des textes les plus extraordinaires que nous ayons. Entre St Jean et Jésus il y a une profonde compréhension. St Jean a vu en Jésus le Verbe Éternel. Il fallait être un mystique. Un mystique c’est celui qui connaît le Christ parce qu’il désire Dieu. C’est celui qui connaît jusqu’aux profondeurs parce qu’il aime.
Le troisième jour le prêtre revêt à nouveau le rouge, couleur des martyrs pour célébrer ceux qu’on a appelé les saints innocents. Ce sont ces enfants qu’Hérode a fait périr par l’épée. Ils sont innocents, victimes de la sottise, de la peur. Victimes d’un tyran qui craint pour lui. Les victimes de la folie, de l’injustice sont souvent les plus humbles, les plus fragiles. Les innocents sont proches du cœur de Dieu. La fête des st innocents, c’est aussi la fête de tous ces enfants qui sont morts sans avoir eu le temps de collaborer à la folie des hommes, ils n’ont pas fait le mal. Du mal ils ne savent rien, sinon qu’ils en sont les victimes. En cela ils sont proches du Christ.
Trois jours pour méditer sur cette étrange proximité, fraternité avec Jésus, soit par le don de sa vie, soit par l’amitié ardente, soit par l’innocence.
Puis vient cette fête de la Ste famille. C’est en quelque sorte prolonger le mystère de l’incarnation. Dieu se fait petit enfant, Dieu se livre aux hommes, à leur affection, il se rend vulnérable, il faut le protéger, l’aimer. De même que Dieu a besoin pour que sa présence grandisse en ce monde qu’il y ait des hommes qui le cherchent qui l’aiment, de même Jésus a besoin pour grandir, pour advenir à sa stature d’homme, il a besoin qu’on prenne soin de lui, qu’on l’aime, il a besoin d’une famille. C’est incroyable.
Aujourd’hui, en parlant de la famille de Jésus, nous rendons aussi hommage à ce qui se passe dans chaque famille, dans chaque enfant par ses parents, en chaque parent par ses enfants. Nous rendons hommage à ce qui lentement grandit, à ce qui s’édifie par l’attention mutuelle. Il n’y a pas de maturation, de grandeur sans cette mutuelle attention, sans une mutuelle gratitude. C’est la fête de l’amour au quotidien, l’amour tout bête, tout simple, banal, celui qui fait vivre. La Ste famille, c’est la fête de la patience, la fête de l’espérance, celle du mystère aussi. Chaque enfant est un mystère, mais ce qui se passe dans le cœur des parents aussi. De ces mystères qui sont notre grandeur. Fêter la Ste famille, c’est fêter ce ministère qui consiste à se mettre au service de ce qui nous échappe. Ce ministère qui consiste à s’édifier mutuellement, à grandir l’un par l’autre. Aujourd’hui, c’est la fête de toutes les familles.