Dimanche 22 octobre 2006 - Vingt-neuvième dimanche

La gloire du Christ que nous partagerons, c’est d’être en Dieu

Isaïe 53,10-11 - Psaume 32 - Hébreux 4,14-16 - Marc 10,35-45
dimanche 22 octobre 2006.
 

Nous avons aujourd’hui des textes redoutables, surtout la première lecture ! Mais l’évangile n’est pas très facile. Nous allons rester avec lui. Nous voyons deux apôtres réclamer à Jésus les meilleures places à ses côtés pour partager sa gloire. Ca irrite pas mal les dix autres. Je ne pense pas que ça les irrite parce qu’ils auraient eux aussi voulu ces places, ça les irrite parce que cette demande est ridicule, grossière ! Jésus lui, ne s’indigne pas, il leur dit « vous ne savez pas ce que vous demandez ». Pourtant dans cette demande, tout n’est pas mauvais, même s’ils ne comprennent pas très bien ce qu’ils disent. Tout n’est pas mauvais, par exemple, ils sont sûrs que Jésus verra la gloire, ils ont une belle confiance en lui. Ils veulent partager sa gloire ? Mais ils ont tout fait raison, c’est ce qui nous est promis à tous ! Sauf qu’ils se trompent complètement sur ce qu’est la gloire du Christ ! Rien à voir avec la gloire mondaine, le succès politique, les renversements de pouvoir ou je ne sais quoi. La gloire du Christ que nous partagerons, c’est d’être en Dieu. Ca, ils ne l’ont pas encore bien compris.

Alors, pour l’instant, Jésus leur demande de quitter les logiques humaines. Dans notre monde, les puissants savent faire comprendre qu’ils sont les plus forts, ils le font sentir ! « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ! » Celui qui veut devenir grand sera le serviteur. Jésus quitte complètement les logiques de pouvoir et de domination, il ne leur dit plus « celui qui veut être le premier, ou celui qui veut être à ma droite ou à ma gauche », il leur dit « celui qui veut grandir » ! Qu’il serve son prochain.

Il y a là un enseignement extraordinaire, qui sort de la logique des dominations. Déjà, vouloir grandir, c’est une première qualité. Si on veut grandir, c’est qu’on se rend compte qu’on a encore à apprendre, ça nous donne une ouverture d’esprit, une attention à autrui. Vouloir grandir, c’est bien. Mais le Christ dit « qu’il se fasse le serviteur de tous ». Nous apprenons des autres, bien sûr mais, nous dit Jésus : « Tu grandiras d’autant mieux que tu seras attentif à leur demande, que tu leur voudras du bien, que tu leur fera du bien » ! On le sait, il y a de plus de joie à donner qu’à recevoir ! Et il y a plus de grandeur à servir qu’à être servi, on grandit plus quand on aide les autres, quand on les aime, quand on leur fait du bien ! C’est aussi simple que ça !

La où tout se complique, c’est avec la dernière phrase « Le fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude » !! Deux choses à dire pour expliquer ça.

Tout d’abord, il y a là un procédé oral très juif. Il y a deux doublets. Chaque phrase est en quelque sorte redoublée par la même idée mais poussée jusqu’à l’outrance, l’exagération. « Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. » Puis « Celui qui veut être le premier (mais faut être malade) sera l’esclave de tous ! » impossible et abject. Vous voyez bien que c’est une outrance, comme pour nous dire « je vous parle sérieusement » ; se faire serviteur, ce ne sont pas des propos gentillets ! C’est sérieux ! De même dire « le fils de l’homme donne sa vie en rançon », c’est une exagération pour insister sur le service que Jésus accomplit.

Mais voyons quand même cette histoire de rançon. D’habitude, on parle de rançon quand il y a une prise d’otages et qu’on paie aux voyous ou aux terroristes pour libérer les otages ! Nous savons que le fils de l’homme c’est une façon de parler de Jésus. Donc il devrait donner sa vie pour payer une rançon. Mais à qui doit-il payer ? A Dieu ? Mais Dieu n’est pas un terroriste qui menacerait de tout faire péter si on ne paie pas ! A Satan ! Mais Jésus ne donne pas sa vie à Satan ! En fait, l’image de la rançon est très efficace mais il ne faut pas la prendre au premier degré. Ce qu’il faut comprendre ici, c’est que, si nous ne sommes pas otages de terroristes, pourtant nous avons besoin d’être libérés ! Libérés de nos idoles, de nos peurs, du non-sens, de notre ignorance de Dieu, des violences de la domination. De ça, nous avons besoin d’être libérés, ce sont de vraies prisons, parfois de vrais terrorismes ! Et puis ce qu’on peut comprendre dans cette image de rançon, c’est que Jésus a en effet donné beaucoup, un peu comme quand on dit « il a payé de sa personne ». Bien sûr, il a payé de sa personne ! Il n’a pas donné des choses ou des idées pour nous, il s’est donné lui-même. Pour nous chrétiens, ça veut dire qu’il s’est fait tout proche de nous, il a connu ce que nous connaissons pour tout réorienter vers Dieu, il a connu la mort pour la vaincre. Jésus veut nous faire connaître le Père, il se donne entièrement à cette tâche.

Faire connaître Dieu, à vrai dire, on ne peut pas donner plus que ça, on ne peut pas donner mieux que ça ! Si nous ne pouvons pas donner autant que Jésus, nous pouvons toujours faire connaître Dieu, ne serait-ce qu’un peu ! C’est un bon service que nous rendrons, un service qui nous grandira. Voilà l’évangile de ce jour.