Les coptes

lundi 24 janvier 2005.
 

A l’occasion de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens, je vous propose de faire connaissance d’une église chrétienne peu connue de nous. L’an passé je vous présentais les Arméniens, nous avons parlé aussi de l’église russe, cette année, je voudrais vous présenter les coptes.

Le mot copte vient de la manière dont les Grecs désignaient les habitants du Nil ; "Aiguptoi", rendu en français par égyptien, et en arabe par copte. Les coptes désignent donc les chrétiens d’Égypte.

Leur histoire est vénérable. Je vous présente d’abord deux épisodes fondateurs. La foi chrétienne est portée en Égypte par St Marc. St Marc nous est connu, il suit Paul dans son premier voyage, puis il s’attache à Barnabé et enfin à St Pierre auprès duquel il prend les renseignements nécessaires à la rédaction de son évangile. La tradition veut que ce soit lui qui ait annoncé l’Evangile en Egypte.

Un second événement fonde cette église. En 284, l’empereur romain Dioclétien, va persécuter sauvagement les chrétiens d’Égypte. Il exigeait que tous vénèrent la statue de l’empereur comme on le ferait d’un dieu, en offrant des sacrifices. Si on refusait, on était exécuté. Or on signale alors que dans les villages les plus reculés d’Égypte, des exécutions en masse sont perpétrées. Ce qui veut dire le succès de l’évangélisation partout en Egypte et ça montre aussi la grande fidélité des chrétiens. L’Église copte a vu dans ces martyres, la fondation de son église et c’est pourquoi dans leur calendrier liturgique, l’année 284, c’est l’an "o".

Après les fondements, je voudrais évoquer ce que l’Eglise universelle doit aux premiers chrétiens d’Egypte. Il y a eu là-bas, deux inventions dont nous sommes aujourd’hui encore les bénéficiaires.

Il y a d’abord en 190, à Alexandrie, (une ville très réputée pour sa culture) un petit événement très riche de conséquences heureuses. Pantène, un érudit converti au Christ, fonde un "didascalée", c’est-à-dire à la fois une école et une université. On y enseigne aussi bien les mathématiques que la philosophie et bien-sûr la théologie. Mais on y donne aussi des explications très simples de la foi chrétienne pour tout le monde. Si vous voulez, on y fait aussi bien des études très savantes que du catéchisme. De cette école sortira Origène qui en 232 ira fonder le même type d’école à Césarée dans le pays de Jésus. Origène sera un des plus influents théologiens des premiers siècles. Il était fondamental à l’époque d’avoir des réponses face aux idées qui se répandaient partout et qui critiquaient vivement le christianisme.

Une deuxième innovation, riche de conséquences, c’est l’invention du monachisme. Les moines sont nés en Égypte. C’est St Antoine qui le premier, vers 275 se retire au désert pour chercher Dieu. Les moines sont à l’origine des ermites, ils vivent seuls. Mais rapidement St Pacôme en 320, va comprendre que la vie communautaire est meilleure et il fonde le premier monastère. Basile de Césarée s’en inspirera en 350, St Martin fonde Ligugé en 361, St Honora fonde Lérins en 400 et bien sûr St Benoît qui fonde le monastère du Mt Cassin en 429. Tout ça, on le doit à cette invention des coptes. Quelle fécondité !

Qu’est-ce qui nous sépare de cette église copte dont je viens de venter les mérites ? Au V°, le patriarche d’Alexandrie, Dioscore, un homme très vigoureux, enseigne qu’en Jésus Christ, la nature humaine est dissoute, absorbée par la nature divine. Il n’est plus vraiment homme tellement il est Dieu ! Le Concile de Chalcédoine dépose Dioscore en 451. Or le peuple copte n’acceptera jamais cette décision pour deux raisons. D’abord parce que le vocabulaire théologique de l’époque n’est pas compris ; deux natures en une personnes, ils ne comprennent pas ! C’est quoi une nature, une personne ? C’est pas clair. La seconde raison de cette séparation, c’est que la décision du Concile est perçue par le peuple comme une décision de Byzance, l’Empire dont on veut secouer le joug. On ne se séparera pas d’abord pour des raisons théologiques, mais à cause du tempérament trop fougueux du patriarche et surtout pour revendiquer une autonomie par rapport à l’Empire.

C’est un peu triste, c’est comme si on s’était brouillé avec un frère aîné.

Deux mots sur l’église copte aujourd’ hui. Depuis 639, cette église se maintient dans un milieu musulman. Pour ça aussi, elle est admirable. Il y a eu des périodes très dures, notamment au XI° sous le calife Hakim, le même qui a rasé le St Sépulcre à Jérusalem. Et puis récemment des moines coptes ont été victimes de l’islamisme. Ca n’empêche pas qu’il y ait un renouveau du monachisme et dans la population des paroisses depuis les réformes apportées par Cyrille VI de 1959 à 1971. On compte aujourd’hui entre 7 et 9 % de chrétiens. Mais il faut vraiment leur souhaiter du courage et prier Dieu de les soutenir. Sachons ne pas les oublier. Cette église est riche par son courage et par son patrimoine dont nous sommes tous les héritiers.