Dimanche 18 janvier 2004 - Deuxième Dimanche

St Jean aime beaucoup les chiffres, le chiffre 7 en particulier.

Isaïe 62,1-5 - 1Corinthiens 12,4-11 - Jean 2,1-11
dimanche 18 janvier 2004.
 

La liturgie prévoit pour l’année en cours de suivre l’évangile de Luc. Or aujourd’hui, nous avons un texte de Jean, les noces de Cana. C’est parce que St Jean nous précise que nous assistons à Cana au commencement des signes que Jésus accomplit. Nous entrons en effet ce dimanche dans les temps ordinaires, nous sortons de la période de Noël. Et nous allons à présent suivre le Christ dans son ministère.

St Jean aime beaucoup les chiffres, le chiffre 7 en particulier. Tout son évangile est organisé par ce nombre : nous trouvons 7 miracles appelés signes et vous venez d’entendre le premier, il y a 7 fêtes juives auxquelles participe Jésus, il y a 7 grands discours du Christ, autour de la passion et la résurrection, Jean nous donne un décompte de 7 jours et tout au début de son évangile, nous avons aussi 7 jours. Sept, comme vous le savez, c’est le chiffre de la création. St Jean nous dit par cette manie des chiffres, que l’évangile tout entier est œuvre de création, de restauration de la création, c’est-à-dire de cette œuvre de Dieu où l’homme et Dieu sont unis comme par des noces.

Si nous observons attentivement, comme il convient de le faire, les premières pages de l’évangile de Jean, nous pouvons très facilement retrouver cette première semaine : premier jour, Jean Baptiste annonce le Messie, le lendemain, précise le texte, il voit Jésus et le désigne, le lendemain Jésus appelle les trois premiers apôtres, le lendemain, il rencontre Nathanaël. Voilà les quatre premiers jours. Le texte reprend : « Le troisième jour, il y eut des noces. » Le troisième jour, c’est pour nous, chrétiens le jour de la résurrection, jour où nous nous réunissons pour célébrer l’alliance restaurée par le corps et le sang du Christ.

Maintenant si vous faites les comptes, on voit bien que ce fameux troisième jour, c’est donc le 7ème ! Le jour où dans le livre de la Genèse, la création s’achève et où l’homme trouve en Dieu le repos et la paix. Jour de noces. Le texte conclut par cette mention : « Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. » Il y a donc une sorte d’écho entre cette première semaine du ministère public de Jésus et sa dernière semaine, celle de la passion et résurrection qui elle aussi s’achève par la manifestation de la gloire du Christ dans sa résurrection !

Il n’y a plus de doute, ce récit des noces de Cana, c’est le programme de l’Evangile tout entier !

Un détail de ce texte peut encore nous donner de nouvelles lumières ; les jarres pour les ablutions. Ce sont des récipients qui permettent de pratiquer les rites prescrits par la Loi de Moïse. Or ce sont ces jarres qui vont servir pour le vin nouveau. Ce qui veut dire que les préceptes de la première alliance sont transformés, changés, qu’ils prennent eux aussi des vêtements de noces. Les rites de la nouvelle alliance ne sont plus des prescriptions de purification, mais des signes de noces, d’épousailles.

Les pères de l’Eglise n’ont pas manqué de noter la quantité incroyable de ces cuves ; 6 cuves de 100 litres, ça fait beaucoup ! Beaucoup d’eau pour quelques ablutions, mais aussi beaucoup de vin pour une fête qui s’achève. On a beau être bons noceurs, ça fait beaucoup quand même ! 600 litres ! Il y a là une sorte de clin d’œil, cette quantité signifie la surabondance du don de Dieu. Surabondance qui déborde jusqu’à nous, pourrait-on dire. Et c’est bien-sûr le signe de l’Eucharistie qu’on peut voir dans ce vin des noces. Ce sont bien en effet les noces du Christ et de l’Eglise que nous célébrons dans nos eucharisties et dont les noces de Cana sont le signe !

Le 3ème jour, il y eut des noces, voilà l’annonce de la résurrection.

Le 7ème jour de la première semaine, voilà l’annonce de la Création restaurée.

La surabondance du vin nouveau, voilà l’annonce de notre joie à participer à ces noces.