Dimanche 11 mai 2003 - Quatrième dimanche de Pâques

Vous êtes ma richesse

Actes 4,8-12 - 1 Jean 3,1-2 - Jean 10,11-18
mardi 13 mai 2003.
 

On pourrait très légitimement ne pas beaucoup aimer l’image que Jésus utilise quand il se dit le bon pasteur. On pourrait ne pas l’aimer parce qu’elle renvoie à celle du troupeau, bien sûr. Et chacun l’a compris, si Jésus est le pasteur, nous sommes le troupeau. Etre comparé à des moutons, c ?est pas très flatteur, faut bien l ?avouer ! Pourquoi Jésus utilise-t-il cette image ? Pour deux raisons. Pour mettre en valeur les croyants, pour mettre en valeur le pasteur.

Si les disciples du Christ sont comparés à des moutons, ce n’est évidemment pas pour se moquer d’eux, au contraire. Il faut bien comprendre qu ?à cette époque, il y a encore beaucoup d ?éleveurs et que le troupeau, c’est toute la richesse d’un homme. Jésus est en train de dire : "vous êtes ma richesse". Finalement on a rarement parlé ainsi des rapports de Dieu à l’humanité. Nous ne sommes pas les sujets de Dieu obéissant à ses décrets, nous ne sommes pas les jouets de ses caprices, nous sommes sa richesse, c’est pas pareil. Ca veut dire que si notre foi devient tiédasse, c’est Dieu qui perd. Nos destins sont liés ! Nous sommes le bien de Dieu, non pas sa propriété, mais ce qui constitue sa présence en ce monde. Et sa présence en ce monde, c’est sa richesse. Si nous perdons la foi, Dieu meurt en ce monde.

Le second intérêt de cette image du troupeau c’est de mettre en évidence le rôle du pasteur. Jésus par deux fois répète "je suis le bon pasteur". Drôle de pasteur en vérité qui donne sa vie pour ses brebis, ça aussi il le répète deux fois ! D’habitude, ce sont plutôt les brebis qu’on sacrifie pour les pasteurs. Ici, Jésus nous dit qu’il donne sa vie pour nous conduire vers de verts pâturages, vers l’unique bergerie, autrement dit, vers Dieu, notre repos. Il ne nous donne pas de bons conseils, des consignes strictes et précises, de pieux encouragements, de belles promesses, il se donne. Pour nous conduire en Lui, Dieu vient en nous.

C’est aujourd’hui, dans toute l’Eglise, le jour de prière pour les vocations sacerdotales. C’est à cause de ce texte que cette date a été choisie. Parce qu’en effet un prêtre doit être pasteur dans le sens que je viens de dire. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur ce que le prêtre doit être, pas être, chacun a son avis là-dessus ! Ce texte met en relief deux vertus du pasteur, ce qu’il devrait être, même si bien évidemment il n’y arrive que partiellement.

Comme le bon pasteur, un prêtre doit guider et il doit se donner. Guider, ça veut dire selon les termes mêmes de l’ordination, gouverner, sanctifier et enseigner. Il nous faut conduire la communauté chrétienne, stimuler, dynamiser, encourager, il faut ne pas la laisser errer dans les querelles internes, c’est la tâche la plus délicate, surtout à notre époque. Ce qu’on appelle la sanctification tient surtout dans la liturgie et les sacrements. L’enseignement, pour l’essentiel réside dans ces homélies du dimanche, puis les nombreuses conférences, explications que nous donnons sans cesse et qui pour ma part prennent un temps considérable.

Mais par-dessus tout, et animant toutes ces tâches, ces choses à faire, ce qui importe c’est surtout de se donner. Vous savez bien parce que vous aussi, vous le vivez, on ne fait rien de vrai sans se donner, sans donner de sa personne. En ce sens, la prière de cette journée des vocations dans l’Eglise, concerne chacun d’entre nous : que Dieu nous donne à tous, le sens du don de soi. C’est parce que ce don de soi sera un souci pour tous, que quelques-uns choisiront cette façon particulière de se donner : être prêtre. Pour qu ?une vocation s ?épanouisse, il lui faut un milieu de vie favorable, c ?est-à-dire une communauté où les gens se donnent.

C’est évidemment mon v ?u le plus cher.

Le vôtre aussi.

Je donne ma vie. Jn 10, 11-18.