Nous avons aujourd’hui une lecture vraiment curieuse pour un texte de l’évangile quand on se rappelle que ce mot veut dire bonne nouvelle ! Il est plein de violence, on ne fait que parler guerres, destructions, trahisons ! Et encore ce n’est là qu’un extrait du chapitre 21 qui est comme ça jusqu’au bout ! Essayons de voir ce que ça veut dire.
Il faut vraiment se garder de plusieurs erreurs.
La première serait d’entendre ce discours comme une menace. Comme si Jésus menaçait son auditoire ; voilà ce qui arrivera si vous ne m’écoutez pas ! Comme si tous ces fléaux annoncés étaient le juste châtiment que Dieu envoie ! Remarquez que dans notre histoire, un certain nombre de prédicateurs ne se sont pas privés de dire cette énormité. Mais dans l’évangile avez-vous vu Jésus menacer quiconque ? Si ! Une fois, à ma connaissance, mais c’est la tempête qu’il menace.
La seconde erreur serait de faire de Jésus un devin. Il annonce ce qui va se passer ! Les gens superstitieux sont friands de ça ! Un peu comme ceux qui, en l’an 2000 annonçaient et attendaient des catastrophes parce que ce nombre 2000 ans apparaît dans l’apocalypse de St jean ! Dans ces croyances là, il y a quand même un petit problème ; ça voudrait dire que de nos vies sont déjà écrites, que l’histoire de ce monde est déjà fixé. Alors en quoi, de quoi sommes-nous responsables ? Jésus n’est pas un devin. Pourtant pas mal des choses dont il parle sont arrivées. Remarquez, il n’y avait pas besoin d’être un grand mage pour savoir que la révolte constante des juifs allait un jour ou l’autre provoquer la réplique des romains et on pouvait se douter que cette réplique serait terrible ! Il faut savoir aussi que St Luc écrit ce texte dans les années 75-80. Peu après que le temple ait été détruit, que les armées romaines aient mis le pays à feu et à sang et que des persécutions insensées se soient déclenchées contre les chrétiens. On peut penser que Luc a tout naturellement « enrichi » les paroles du Christ, par les terribles expériences récemment vécues.
Bref, Jésus ne profère pas de menaces, il ne fait pas le devin. Voilà deux risques de fausses interprétations écartées. Venons en à deux enseignements positifs.
En premier lieu, ces descriptions de fléaux, de catastrophes, c’est un procédé de discours bien connu dans le monde juif, c’est le style apocalyptique. Ce style consiste à dire avec des images assez dures, que les choses sur lesquelles nous nous appuyons ne sont pas solides, que les gloires de ce monde qui nous éblouissent sont trompeuses, que nos richesses sont caduques. Que Dieu seul est Dieu. Ce style utilisé par les prophète n’a pas pour but de nous accabler de tristesse ou de peur, mais de nous encourager à chercher dans nos vies, ce qui vraiment compte. « Où est-il ton Dieu ? » Dans le temple de Jérusalem ? Dans la force de tes armées ? Dans les slogans du prêt-à-penser ? Dans les images du succès fast-food des émission débiles de la télé ? « Où est-il ton Dieu ? » C’est la question que pose en fait ce langage d’une rare violence. Et ça c’est quand même une bonne question.
Second aspect positif ; on trouve dans ce fatras de catastrophes de vraies perles, des petites paroles comme ça, au passage qui sont des paroles de réconfort ou des conseils de sagesse et de foi. Je vous invite tout simplement à les repérer et à les garder. Par exemple : « ne vous laissez pas effrayer », parole de consolation, comme quand on essaie de rassurer quelqu’un en lui disant : « n’aies pas peur ». Ce n’est évidemment pas un commandement ni même un conseil, c’est plutôt de l’ordre de la compassion. « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer ». Ca me rappelle St Paul : « Ne vous conformez pas au monde présent, mais renouvelez votre façon de penser. » Fort beau conseil de sagesse. Une autre manière de parler de la liberté. Autre parole entre le conseil de sagesse et la parole de foi : « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ». Tant il est vrai que l’infidélité ou le manque de constance sont en nous source d’errance et de tristesse.
Puisque le Christ nous donne tous ces conseils, demandons lui de savoir les entendre et de les mettre en pratique.