30 novembre 2003 - 1er dimanche de l’Avent C

Ce que le Christ veut nous dire est difficile à percevoir tant les images qu’il utilise sont terribles.

Jérémie 33,14-16 - 1 Thessaloniciens 3,12 - 4,2 - Luc 21,25-28.34-36
dimanche 30 novembre 2003.
 

Ce que le Christ veut nous dire est difficile à percevoir tant les images qu’il utilise sont terribles. En fait, Jésus use ici d’un langage qui est celui des apocalypses, langage bien connu des juifs, pour eux, ça n’est pas si terrible ! C’est un langage codé, c’est une façon de parler. Oui, mais pour dire quoi ?

Deux choses au moins.

La première est probablement une contestation d’une forme de religion qui a depuis la nuit des temps travaillé l’humanité tout entière. Nos illustres et lointains ancêtres nous disent les anthropologues, voyaient dans la nature et ses forces quelque chose de redoutable. Ils se savaient dépendants des orages, des tempêtes, du soleil. De ce sentiment de dépendance est né le premier mouvement religieux. Il y a quelque chose de vrai dont nous héritons, le sentiment religieux est pour une part de dépendre de plus grand que nous-mêmes. Mais il y a un risque, celui de l’idolâtrie. De ces forces qui nous dominent et dont dépendent nos vies, on fait des dieux. Du coup on va lire l’avenir dans les étoiles ou dans l’orage, on offre des sacrifices au soleil ou à la mer. Pour contester cette vision, les apocalypses nous décrivent les astres qui tombent, la mer qui se retire. Ce ne sont pas des dieux, ce sont des choses, et des choses provisoires.

Seconde idée : même si tout s’effondre, même s’il y a de terribles fléaux, des guerres, des cataclysmes, le Fils de l’homme vient avec puissance et gloire. C’est comme ça qu’il faut comprendre cette parole : « alors on verra le Fils de l’homme venir avec puissance et gloire ». Ca ne veut pas dire qu’avant de venir, il va faire le nettoyage et tout détruire, mais ça veut dire que si par malheur, tout s’effondrerait, alors on verrait bien que l’Unique demeure. La seule puissance, la seule gloire, ça n’est pas celle de ces immenses catastrophes ou des forces de ce monde, c’est celle de la présence de Dieu. Et nous savons que sa puissance et sa gloire ou si vous préférez, sa force et sa vérité sont d’abord celle de la discrétion, de la patience, de la miséricorde. C’est pourquoi Jésus nous dit alors : « redressez-vous, relevez la tête, votre rédemption est proche ». Vous comprenez que la seule gloire, que la seule vérité qui tienne, c’est la présence de Dieu, la venue du Fils de l’homme ? Votre rédemption est proche !

Dans la seconde partie de ce petit discours, Jésus nous donne un petit coup de main pour comprendre. Il nous dit : « Tenez-vous sur vos gardes, restez éveillés ». S’il s’agissait vraiment de cataclysmes, de fléaux, vous aurez beau restés éveillés et vigilants, ça vous tombera dessus de toute manière ! Il ne s’agit donc pas de ça ! Il y a un danger plus grand. « Tenez-vous sur vos gardes, de peur ... que votre cœur ne s’alourdisse, dans la débauche dans les soucis mondains, dans le sommeil. Le vrai danger c’est de s’empâter, de s’empiffrer, de s’endormir, de perdre le feu sacré, de ne plus rien attendre !

Voilà pourquoi ce texte si terrible nous est proposé pour l’avent. Période où nous sommes invités à réveiller en nous le goût d’aller plus loin, le goût de Dieu, le sens de l’attente.

Vous le savez, l’Eglise veut célébrer cette année l’encyclique du Pape Jean XXIII, « Pacem in terris », il y a quarante ans. Ce texte propose quatre conditions de vie pour la paix : la vérité, la justice, la liberté, la charité. Un sujet de méditation pour chaque dimanche de l’Avent. La vérité est précisément ce qu’il faut toujours chercher, on ne peut s’endormir sur une vérité toute faite que nous posséderions. Si nous possédons la vérité, nous l’avons éteinte. Il faut toujours la chercher, éveiller notre goût pour elle. La vérité ne se présente qu’à ceux qui la cherchent, pas à ceux qui la possèdent.

Tel est aussi le Christ que nous attendons dans la joie et la paix.