Dimanche 22 mai 2005 - La Sainte Trinité

Benoît XVI

Exode 34,4-6.8-9 - Cantique Daniel 3 - 2 Corinthiens 13,11-13 - Jean 3,16-18
dimanche 22 mai 2005.
 

Je voudrais aujourd’hui vous parler de notre nouveau Pape Benoît XVI. Son élection récente a déjà donné lieu à nombre de rééditions, mais je vais partir de ce que je sais du cardinal Joseph Ratzinger et de ses deux premières homélies comme Pape.

Ces deux homélies ont été des discours d’une très riche densité, ce qui n’étonne pas ceux qui connaissaient bien le cardinal qu’il fut. Pour ma part, je fais partie de ceux qui le lisent depuis 25 ans, puisque ses ouvrages de théologie fondamentale font référence encore aujourd’hui. Lors de l’issue du conclave, le cardinal Lustiger disait de lui que parmi tous les cardinaux, Joseph Ratzinger, pour son intelligence théologique les dépassait tous largement. Quand de tels propos viennent de Lustiger qui lui aussi est pourvu d’une intelligence qui n’est pas médiocre, on ne peut être qu’impressionné. Je partage complètement cet avis. Joseph Ratzinger a une intelligence théologique très fine et très sûre, loin de ce que certain disent. Quand il fut appelé par Jean Paul II à Rome, Ratzinger lui avait demandé de lui donner un poste qui lui permette de continuer à faire de la théologie. Il a été entendu puisqu’il a été plus de 20 ans préfet de la congrégation de la doctrine de la foi. Ce poste lui a attiré un certain nombre de critiques, mais c’est un poste difficile qui consiste à mettre des balises à toutes les recherches théologiques de par le monde, et forcément de temps en temps, il faut rappeler les limites. Cependant on ne peut pas reprocher à un garde des sceaux de tenir fermement le cadre de la loi, de même on ne peut reprocher au cardinal Ratzinger d’avoir fait son travail. Et il l’a fait avec beaucoup plus de doigté et de nuance que ce qu’une certaine opinion a laissé dire.

C’est d’ailleurs un homme d’une grande modestie, il est toujours resté très simple et abordable malgré le poste qu’il occupait. C’est cette réputation que tout le monde lui reconnaît qui a probablement contribuer à le faire élire. De plus, s’il y en a un qui peut faire rapidement des réformes, c’est bien lui qui connaît les fonctionnements complexes de la curie romaine et qui autant que son prédécesseur a rencontré tous les évêques du monde.

D’emblée, le nouveau Pape a insisté par deux fois sur la collégialité de son autorité. Lors de son apparition à la loge, quelques minutes après son élection, sa première parole fut non pas de se présenter comme pasteur ou leader mais comme « un humble serviteur à la vigne », ce qui implique un travail communautaire. C’est ce qu’il a redit dans son homélie du 21 avril, qu’il a répété dans celle du dimanche 24. Jean-Paul II avait un charisme personnel qui faisait de lui la figure centralisatrice de l’Eglise. Cet aspect centralisateur était augmenté par ses talents médiatiques et ses actes prophétiques. Son successeur n’a pas ces charismes, il en d’autres qu’il saura mettre en œuvre.

Deux autres aspects sont apparus dans ces deux premières homélies.

Le Pape y a beaucoup insisté sur l’œcuménisme. « L’actuel successeur de Pierre est le premier à se laisser interpeller par cette question et est disposé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour promouvoir la cause fondamentale de l’œcuménisme. » Ratzinger est l’auteur d’un texte que beaucoup ont lu, il y a quelques années, comme un frein vis à vis des églises protestantes. Pourtant on a vu le même cardinal Ratzinger donner la communion au frère Roger de Taizé, un protestant, le jour des obsèques de J P II ! Chez lui, les choses sont toujours plus fines qu’il ne paraît à la plupart. Il donne dans son homélie deux principes pour le travail de l’unité de l’église. Premièrement, il rappelle que les bons sentiments ne peuvent jamais suffire. Deuxièmement, il évoque une nécessaire purification des mémoires, base pour toute avancée. On pourrait ajouter, ce que tout son travail de théologien confirme, que pour travailler à l’unité, il faut chercher à comprendre les autres confessions chrétiennes, entrer dans leur intelligence, dans la cohérence de leur théologie, de leur culture et de leurs expressions liturgiques. Evidemment, les bons sentiments ne suffisent pas, il nous faut travailler à l’unité.

Un second point m’est apparu comme important. L’insistance de Benoît XVI sur le Concile Vatican 2. « Je veux affirmer avec force la ferme volonté d’avancer dans la tâche de mise en œuvre du Concile Vatican II » Comme si beaucoup restait à faire. On sait que le cardinal Ratzinger a plusieurs fois relevé les excès d’interprétations de ce Concile, excès liés d’après lui à l’amalgame entre le Concile et l’esprit du temps, l’esprit mondain. Il était présent au Concile, comme expert auprès de l’évêque de Köln, il saura certainement nous replonger à cette source.

Pour finir, je voudrai céder la parole à l’archevêque de Paris, Monseigneur Vingt-trois qui à propos du Pape Benoit XVI, parlait « du courage de l’intelligence ». Je crois aussi, pour ma part que c’est là une grande qualité et je gage que ce Pape nous fera grand bien.