Dans les évangiles, le second personnage, celui dont on parle le plus, ce n’est pas Marie, ce n’est pas St Pierre, c’est Jean-Baptiste ! Ici nous le voyons dans sa prison, il envoie à Jésus des émissaires, Jésus leur répond, puis il parle de Jean-Baptiste aux gens qui sont là. Or ses propos sont un peu curieux pour nous. En fait il cite l’Ecriture, c’est sa réponse. Quand Jésus dit : "allez rapporter à Jean-Baptiste ce que vous voyez ; les aveugles voient, les sourds entendent, la Bonne nouvelle est annoncée aux pauvres", il cite un passage d’Isaïe (35,5 & 61,8). Plus tard quand il dit : "Qu’êtes-vous aller voir ? un prophète ?... Bien plus qu’un prophète, c’est de lui dont il est écrit : "Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour qu’il prépare le chemin devant toi", il cite le livre de l’Exode (23,30). Or ce sont ces citations qui éclairent les paroles du Christ, qui expliquent qui est Jean-Baptiste, et qui est Jésus.
Quand, dans la première partie, il cite Isaïe, les juifs qui sont là comprennent, eux qui connaissent ce livre prophétique et Jean-Baptiste aussi. Or cette prophétie a été donnée à Israël, alors que le peuple était en exil, déporté en Mésopotamie par Nabuchodonosor, en 587. Et Isaïe dit à ces gens qui pouvaient légitimement désespérer de tout, ils avaient tout perdu, leur terre, leur temple et même leur peuple qui avait été massacré et dispersé au 2/3 de sa population, eux à qui Dieu avait promis une terre et une descendance nombreuse, que leur restait-il ?
Isaïe est avec eux au fond de leur détresse, et il leur dit que leur souffrance est finie. Les aveugles voient, les sourds entendent, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés. Isaïe leur annonce en fait, la fin de la déportation. Il leur annonce que l’exil est fini, qu’ils vont rentrés chez eux.
Quand, dans la seconde partie Jésus cite le livre de l’Exode, il rappelle un événement que tout le monde connaît. Le peuple hébreux, vers 1250 avant Jésus-Christ était réduit à l’esclavage en Égypte. Moïse prend la tête d’une révolte et va entraîner son peuple à quitter l’Égypte avec pharaon à ses trousses. Et dans le désert, paniqué devant les dangers, devant le manque d’eau et de nourriture, le peuple entend Dieu lui dire : "je vais envoyer devant toi un ange, mon messager, pour qu’il ouvre devant toi le chemin" et le peuple était précédé le jour par une colonne de fumée et la nuit par une colonne de feu.
C’est à ces événements que Jésus fait allusion.
Il évoque la fuite devant l’Égypte, la libération de l’esclavage, et il évoque le retour d’exil, la fin de l’emprisonnement. Or ces temps là s’accomplissent en Jésus et Jean-Baptiste est cet ange qui guide le peuple libéré vers la Terre Promise. C’est pourquoi, dans certaines icônes d’Orient, on voit Jean-Baptiste avec des ailes. Il est le messager (angelos en grec) qui conduit le peuple vers sa libération. Mais vers où Jean-Baptiste les conduit-il ? Mais vers Jésus ! Le Christ est la Terre Promise et le message de Jean-Baptiste c’est de mener au Christ.
Par ces citations, Jésus dit : aujourd’hui vous connaissez enfin votre libération. Aujourd’hui, vous pouvez sortir de l’esclavage. Aujourd’hui, vous accédez à nouveau à votre Terre Promise.
Mais la Terre Promise, c’est la terre d’Israël, ils y sont, ils ne sont plus en exil depuis bien longtamps, ils ne sont plus esclaves !
Ils sont en exil, ils sont en esclavage tant qu’ils sont loin de Dieu. Le chemin du Seigneur, désigné par le Baptiste, c’est Jésus. C’est lui qui nous conduit vers Dieu et c’est par lui que Dieu vient chez nous. Notre Terre promise, c’est de devenir disciples de Jésus. Ailleurs, nous sommes loin de Dieu. Tant que nous ne sommes pas avec le Christ, nous sommes en exil. Notre repos est en lui. La terre promise ? non plus une terre, une parcelle de territoire quelque part sur une carte, mais Lui, Jésus. C’est quand nous sommes avec le Christ que nous sommes chez nous, que nous sommes chez Dieu. Et Dieu est notre terre Promise.
A quelque jours de Noël, demandons à Dieu la grâce d’espérer sa venue en nos vies. Nous ne sommes pas concrètement prisonniers, mais nous avons quand même besoin d’être libérés. Nous ne sommes pas concrètement en exil, mais nous sommes encore loin de Dieu.
Viens Seigneur, ne tarde plus, tu es notre Terre Promise, tu es notre bonheur, tu es notre véritable domicile.