Dimanche 9 octobre 2005 - Vingt-huitième dimanche

Dieu ne se détourne pas devant nos premiers refus, il insiste

Isaïe 25,6-9 - Psaume 22 - Philippiens 4,12-20 - Matthieu 22,1-14
dimanche 9 octobre 2005.
 

Nous avons aujourd’hui une parabole qui a beaucoup de points communs avec celle de dimanche dernier. Là encore, le Père envoie plusieurs fois ses serviteurs afin de convier les invités et tout comme les vignerons, ils se montreront indifférents, hostiles et même meurtriers. Alors le roi se détournera d’eux pour choisir un autre peuple. Un peuple qui remettra le produit de la vigne, qui remplira la salle de noces. Vous aviez compris dès dimanche dernier, qu’il s’agissait de ne plus se contenter des héritiers naturels de la vigne, le peuple juif, mais d’ouvrir largement à quiconque écoute la Parole, à quiconque veut bien travailler à la vigne, à quiconque accepte l’invitation aux noces.

Il faut noter une première chose, c’est la sollicitude du roi, il n’abandonne pas facilement ! Plusieurs fois, il envoie son invitation. Il faut d’abord noter ce premier point : Dieu ne se détourne pas devant nos premiers refus, il insiste, il nous invite à nouveau. Il en est ainsi dans nos vies, si nous savons voir. Plusieurs fois, déjà Dieu nous a fait signe. Nous avons répondu plus ou moins bien. Rassurez-vous, il continuera à vous faire signe.

Le second aspect de la grandeur de Dieu exposée en cette parabole, c’est sa faiblesse. Dieu ne nous force pas, il nous invite. La foi est une invitation, c’est-à-dire que notre liberté est entière, mais ça veut dire aussi qu’il faut de notre part une réponse active. Il ne suffit pas d’attendre que Dieu nous comble et de râler quand ça ne vient pas assez vite à notre goût, comme nous avons tendance à le faire. L’invitation, c’est un appel, pressant, sérieux, mais qui sollicite de notre part une écoute et une réponse.

Mais le noeud de l’affaire se joue autour de la personne du fils. Le Fils est l’héritier dans la parabole des vignerons, il est l’époux dans la parabole des noces. Mais de l’épouse, on ne dit rien, c’est curieux. Comme dans les noces de Cana d’ailleurs.

Vous savez, les auditeurs de Jésus connaissent l’Écriture et ils se souviennent de ces textes des prophètes où Dieu dit à son peuple, comme une promesse : "Je te fiancerai à moi pour toujours, je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la fidélité et dans la miséricorde, je te fiancerai à moi dans la vérité, et tu connaîtras Dieu." (Os 2,21) Il s’agit des noces de Dieu avec son peuple. La fiancée, celle qui est aimée de Dieu, c’est l’humanité. Et quand on l’invite, elle répond qu’elle a mieux à faire, qu’il faut bien faire marcher le commerce.

Ces gens qui sont les premiers invités et qui refusent de venir, ce sont ceux qui sont naturellement invités, ils sont de la famille de Dieu. C’est tellement naturel chez eux d’être invités qu’ils se sont lassés. Quand ils ne répondent pas à l’invitation, c’est parce que ces épousailles les indiffèrent. Ils n’aiment plus Dieu, alors qu’ils en étaient les familiers.

Un de vos amis revient d’une longue absence, vous l’appelez, vous l’invitez à table bien sûr ! Il vous répond qu’il est désolé mais il y a un bon film à la télé. Etes-vous bien certain que c’est un ami ?

Cette image des noces nous dit que les rapports entre Dieu et l’humanité sont des rapports d’amitié au sens le plus fort du terme, des rapports d’amour. "Quelque chose en moi me manque si tu n’es pas là", c’est ça l’amitié, c’est ça être amoureux, non ? Aimer Dieu jusqu’à pouvoir dire ça !

Dieu veut épouser l’humanité. "Je te fiancerai à moi pour toujours". Il ne veut pas régner sur elle, il ne veut pas la commander. Quand un homme et une femme se marient, c’est qu’ils veulent lier leur destin. S’épouser, c’est accepter que l’autre m’édifie, que je tienne de lui ma part la plus riche, la plus belle. C’est là l’explication du vêtement de noces. Dans la langage biblique, le vêtement n’est pas seulement un effet de mode, une décoration, c’est une parure qui dit qui vous êtes. St Paul utilise plusieurs fois l’expression "vous avez revêtu le Christ". C’est-à-dire, le Christ est devenu en vous la part la plus riche. Comme dans les épousailles.

Voilà l’invitation que Dieu nous fait.

Pour finir, je vous livre les paroles d’un véritable amoureux de Dieu, St Anselme (XII°) : "Attire-nous, Seigneur, soutiens-nous. Apprends-moi à te chercher et découvre-toi à celui qui te cherche. Seigneur, je t’en rends grâces, tu as créé en moi cette image qui est la tienne, afin que me souvenant de toi, je te pense et je t’aime. Je désire passionnément te voir. Ton visage me manque jusqu’à l’excès". St Anselme, un de ceux qui a revêtu le vêtement de noces.

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