Dimanche 25 février 2007 - 1er dimanche de Carême C

Il y a la faim, le pouvoir et la magie

Deutéronome 26,4-10 - Psaume 90 - Romains 10,8-13 - Luc 4,1-13
mardi 27 février 2007.
 

Bien souvent nous avons eu l’occasion de méditer sur ces trois tentations et nous savons que si Luc conclut en disant : « Ayant épuisé toutes les formes de tentations, le démon s’éloigna », c’est pour dire que ces trois là sont en quelque sorte les tentations typiques, elles regroupent toutes les autres. Il y a la faim, le pouvoir et la magie.

Si nous prenons la première, la faim, on s’interroge un peu quand même. Ce n’est évidement pas un mal en tant que tel, ni même une tentation, c’est un fonctionnement salutaire du corps qui réclame qu’on le nourrisse. Si on ne connaissait pas la faim, ce serait un vrai problème. On comprend bien par cet exemple que ces trois tentations sont des images de toutes les autres. Et donc, la faim, c’est plus largement tout le désir de boulimie, de dévoration, de tout rapporter à soi. Cette première tentation est très révélatrice de toutes les autres parce qu’on voit bien que le mal que nous pourrions nous faire, en nous gavant, part d’un fondement tout à fait indispensable, se nourrir. Autrement dit la tentation c’est de dévoyer ce qui est naturellement bon.

Notez encore à propos de cette première tentation que le mal qu’elle suggère vise le rapport que nous avons à nous-mêmes. La seconde tentation porte sur le rapport que nous avons aux autres. C’est celle du pouvoir. Terrible tentation ! « Je te donnerai tout pouvoir et la gloire de ces royaumes, car cela m’appartient ! » Satan dit que le pouvoir, tout pouvoir lui appartient ! Et Jésus ne conteste pas ça ! Il ne conteste pas non plus l’idée que pour avoir le pouvoir il faudrait se prosterner devant Satan ! C’est vrai que le pouvoir est le terrain idéal de la tentation, c’est le lieu de bien des perversions, nous le savons ! Le pouvoir n’est pas uniquement une affaire de royaume, de politique. Les rapports de pouvoir viennent se glisser partout, au travail, dans la famille. Résister à la tentation, ce n’est pas fuir ! Le Christ ne s’est pas tiré en prenant les jambes à son coup ! Il faut accepter d’être responsable, d’exercer l’autorité, mais c’est vrai que c’est un terrain mouvant. La clef est dans le respect qu’on a pour les autres. Bien sûr !

Vous voyez que ce récit fait vraiment autre chose que de nous culpabiliser d’avoir mis le doigt dans le pot de confiture ! Ce que nous avons compris de cette seconde tentation, le sérieux de cette question, il faut le comprendre aussi de la première. Ca touche vraiment à la vie, à la liberté.

Un mot sur la troisième tentation, c’est celle de la magie, de la superstition, vous l’aviez reconnue. Autant la première tentation visait notre rapport à nous-mêmes, goinfrerie, gavage, la seconde visait notre rapport aux autres, domination ou service, autant la troisième porte sur notre rapport à Dieu. On met Dieu au pied du mur, on veut le voir faire des trucs extraordinaires. Super magicien. C’est une perversion de l’image ou de l’idée que nous avons de Lui, ça va déterminer tout le reste, souvenez-vous du livre de la Genèse.

Alors au début de ce carême, nous sommes appelés à lutter contre ces tentations et surtout, invités à croire qu’elles ne sont pas une fatalité, on peut les vaincre, c’est ce que Jésus a voulu nous enseigner en allant au désert.

Je voudrai vous proposer pour ce temps de carême une résolution. Vous avez entendu la première lecture, c’est une cérémonie où le peuple se rappelle son histoire et rend grâce à Dieu pour tout ce qui lui est advenu. Il est plein de reconnaissance et voila qu’il prie. Le fond de la prière, en fait, c’est la reconnaissance. Alors pendant ces jours vers Pâques, je vous propose de vous exercer à la reconnaissance. Reconnaissez ce qui vous est donné. Ne passez pas un jour sans vous demander, non pas ce que ça vous a apporté, mais ce qui vous a été donné. Vous voyez la nuance. Dans la reconnaissance, il y a la gratitude.

Et en particulier, faîtes cet exercice envers ceux qui vous entourent. Vos parents, votre époux, votre épouse, vos enfants, vos amis. Soyez reconnaissant et sachez leur dire cette reconnaissance. Voilà une vraie résolution de carême. Le maître mot du carême ça devrait être : « C’est fou le bien qu’on peut se faire ». Le bien qu’on se fait quand on s’ouvre à Dieu. Le bien qu’on se fait quand on refuse de dominer, quand on se libère de ses addictions. Le bien qu’on se donne quand on dit notre reconnaissance.