Dans le domaine de la foi, la joie de Noël est peut-être la chose la plus difficile à comprendre et en même temps la plus perceptible.
Noël est en effet à la source de toute cette ambiance de fête qui envahit nos rues et nos maisons. Pas besoin d’être grand théologien pour l’apprécier. La cause de toute cette joie chez nos contemporains, même s’ils l’ont oubliée, c’est la naissance de Jésus. Avec un luxe de moyens chacun soigne cette ambiance comme s’il tenait à ces instants où on offre des cadeaux, où on trouve du plaisir à faire plaisir. Rares moments qu’on aime préserver.
Et pourtant, Noël est aussi ce qu’il y a de plus difficile à comprendre, car la naissance de Jésus, c’est Dieu qui se fait homme. Pourquoi Dieu s’est-il fait homme et pourquoi est-ce source de joie ?
Les théologiens d’Orient répondent : "Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu", autrement dit, Dieu se fait homme pour abolir la distance entre Dieu et nous qui nous empêche de faire de Lui notre familier. C’est cette perte de familiarité avec Dieu que l’enfant de Noël vient guérir. Les idées que nous pouvons avoir sur Dieu sont tellement loin de Dieu qu’il lui a fallu les renverser. Les idées que nous avons de Dieu le mettent tellement loin de nous que Dieu lui-même s’est fait tout proche de nous. Dieu n’est pas une idée, même belle, Dieu n’est pas un concept même génial. Il se présente à nous, il s’offre à nous dans la fragilité d’un bébé.
Si Dieu s’est fait homme, s’il s’est fait petit enfant, fragile, c’est parce qu’il fallait d’abord toucher l’homme dans ce qu’il a de meilleur. C’est dans ce que l’homme a de meilleur que Dieu peut lui dire qui il est. Il est son bien, Il est sa joie. Il fallait réveiller en l’homme ce qu’il a en lui de plus grand ; sa capacité à s’émerveiller, sa capacité à aimer, à se donner, à prendre soin, c’est là que l’homme ressemble à Dieu.
Dieu se fait semblable aux hommes pour que les hommes fassent grandir en eux ce qui les rend semblables à Dieu.
Le paradoxe de Noël, c’est qu’aujourd’hui, le Verbe éternel de Dieu s’est fait petit enfant, il ne sait plus parler, mais il sait pourtant nous dire combien il faut l’aimer. Aujourd’hui Dieu ne sait plus qu’éveiller en nous les joies les plus profondes, les joies d’une nouvelle vie qui naît.
Le paradoxe de Noël c’est qu’aujourd’hui, Dieu tout puissant a besoin de l’affection de sa mère, des bras de son père pour le serrer contre lui. La toute puissance de Dieu que nous célébrons en ce jour, c’est que Dieu accepte de venir à nous dans l’immense fragilité d’un nouveau-né. Dieu a besoin de nous. Comme un tout petit a besoin d’être cajolé, embrassé, a besoin qu’on lui parle, pour rien, pour lui.
La grande leçon de Noël, c’est que Dieu croit en nous, de tout son être. Si nous cessons d’aimer un enfant, il grandit mal. Si nous cessons d’aimer Dieu, il ne grandira pas. Si nous cessons d’aimer, Dieu en nous ne grandira pas. Il faut protéger Dieu en nous, en prendre soin. Il est fragile en nous, comme cet enfant dans la crèche. Mais combien riche de promesses. Riche de promesses comme tout enfant qui naît. Riche de promesses comme cet enfant dans la crèche. Riche de promesses comme Dieu enfoui en nous.
Dieu a voulu naître fragile pour réconcilier nos cœurs avec lui. Dieu veut naître aussi en chacun de nous, au-dedans de nous. Il veut naître en nous parce qu’il sait qu’il peut trouver là, le désir de bonheur, le goût de l’absolu, l’amour dont il a besoin, réponse à son amour dont nous avons besoin. Dieu sait qu’il peut trouver tout cela en nous. Sachons ne pas oublier ces riches dispositions que nous avons et Dieu grandira ... en nous.