Nous avons plus d’un motif de fêter aujourd’hui la sainte famille.
Tout d’abord c’est une petite famille où tous sont saints, incontestablement. Nous avons dans le calendrier liturgique l’occasion d’associer plusieurs membres d’une même famille, par exemple Ste Monique et son fils St Augustin, ou encore deux frères ; Basile et Grégoire de Cappadoce. Et c’est bien signifier combien la famille est le premier lieu de catéchèse et de communion dans la foi.
Mais faisant suite à Noël, cette fête nous donne de prolonger notre méditation sur l’Incarnation du Verbe. Cette petite famille d’humbles artisans de Nazareth est en fait le temple de chair et d’amour où le Verbe éternel de Dieu s’enracine dans notre terreau humain. Et c’est dire en quelque sorte combien le Verbe est muet sans l’accueil que nous lui faisons. Jésus lui aussi a appris de ses parents ses premiers mots. Parler est dans la croissance d’un enfant un facteur déterminant et ceci se fait d’abord grâce à l’amour des siens. On sait combien les premiers mots d’un petit font la joie des parents. Et quand on prend conscience que Jésus est le Verbe éternel de Dieu, il y a là beaucoup à méditer. Ainsi donc celui dont la parole est créatrice a besoin qu’on lui apprenne à parler notre langue. Que serait-il advenu de la Parole (avec un grand P) si personne n’avait été ému à ces premiers balbutiements ? La Parole de Dieu, comme un tout petit enfant, a besoin pour prendre corps qu’on soit ému par elle.
L’Incarnation est vraiment le plus grand mystère de notre foi chrétienne.
Célébrer la Sainte Famille, c’est aussi rappeler à toutes nos familles leur vocation. La famille est le lieu où le cœur de l’homme, mais aussi sa volonté et sa mémoire sont appelés à la sainteté.
Bien des vertus trouvent leur terrain favori dans la famille. Prenons en quelques-unes unes qui sont les déclinaisons de l’amour, qui ne se pratiquent bien que dans l’amour.
L’abnégation, le don de soi. Impossible dans une famille de bien vivre si on compte sa générosité. On n’y donne non seulement du temps ou des cadeaux, mais bien plus, on s’y donne soi-même. Et vous savez bien que dans ce don de soi, nous sommes sans cesse appelés à nous réformer, à abandonner un certain idéal de soi, à vivre avec notre part de faiblesse et nos limites que nos proches connaissent souvent trop bien à notre goût. Si notre orgueil, notre fierté veulent rester indemnes, nous courons au conflit. La famille est un lieu redoutable où il faut tout donner de soi, y compris l’image de soi. Mais c’est probablement le moyen de nous épurer et finalement de nous édifier.
Une autre vertu c’est celle du respect, de la bienveillance. Respecter ses enfants, c’est accepter qu’ils vous échappent, c’est accepter que vous ne les avez pas encore vraiment compris. Aurons-nous jamais fini de découvrir nos proches ? Dans le développement des enfants, le respect et la bienveillance sont les vertus à reconquérir pendant l’adolescence. Leur ré-acquisition, quand un adolescent redécouvre le respect et la bienveillance, c’est le signe qu’il a grandi en humanité.
Enfin, faut-il évoquer l’espérance ? La famille est le lieu par excellence de l’espérance. L’espérance c’est l’autre côté de l’inquiétude, c’est sa face heureuse. Elle n’efface pas l’inquiétude, elle la bonifie. L’espérance au fond, c’est croire qu’en l’autre le mystère s’impose toujours. Que deviendra-t-il ? L’espérance ne va jamais sans l’émerveillement, l’étonnement.
Voici quelques aspects de notre vocation à la sainteté. Marie et Joseph sûrement les ont vécus, grâce à quoi il leur fut donner d’être le temple de Dieu, rien de moins.